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Si une preuve de l’importance grandissante de P(our) et de son symposium était encore nécessaire, ce n’est désormais plus le cas. Sorti du partenariat avec Cocktails And Spirits, le désormais organisme de Charité P(our) vole désormais de ses propres ailes et en profite pour revenir dans la ville où, dixit Alex Kratena, l’idée de P(our) a germé. J’imagine également que le lancement de Tayer And Elementary (le projet de Monica Berg et Alex Kratena) dans cette même ville 3 semaines avant empêchait le couple à l’origine du Symposium de s’éloigner trop de l’Angleterre. Autre avantage, cela nous donnait à tous une bonne raison de venir se balader en Angleterre sans se taper trois heure de queue à Heathrow une fois que cette grande idée qu’est le Brexit sera définitivement implémentée.
Autre avantage non négligeable : on peut enfin aller découvrir Oriole, caché sous un marché d’intérêt national, Kwant le nouveau bar de Erik Lorincz , aller s’encanailler à l’American Bar at the Savoy ou bien entendu aller voir de nous même ce que raconte ce Tayer and Elementary.
Au niveau du public, sélectionné par invitations délivrées au compte goutte, beaucoup moins de têtes connues que sur les autres grandes étapes européennes de la saison bar, mais quelques amis qu’on a toujours plaisir a retrouver telle Alexandra, la consœur de Barstalker.de, Thibault Tamisier (à ma connaissance le seul grenoblois à bosser dans un Top Bar Européen), Cecilia Hakim de Barcelone, Geoffrey Canilao, propriétaire du Balderdash ou encore Dima Shovkoplyas de Parozov Speakeasy de Kiev.
Comme depuis 2 ans, le comité fait un choix audacieux en terme de programmation en n’invitant que des personnes sans aucun lien avec l’industrie (Jeffrey Morgenthaler mis à part) et pousse à la réflexion en s’attaquant à des sujets graves, voir pour certain très graves. Apres The Modern Bartender, Gender Equality (La Parité) et Perfection, le thème choisi était Understanding (La Compréhension). Et une fois de plus, ceux venus pour connaitre les nouvelles tendances avant tout le monde, apprendre à réaliser la nouvelle technique de Iain Mc Pherson le Switching ou découvrir le nouveau Rum de Bacardi n’en ont pas eu pour leur argent. P(our) assume en effet son parti pris de faire exploser les limites du monde de l’hospitalité en traçant des connections avec toutes les autres aspects de la vie moderne. Très souvent critiqués pour leur propension a s’envoyer des fleurs sur leurs bitters fait maison ou leur programme de glace tuant 3 ours polaires à l’heure, les barmans et autre membres de l’industrie présentes sortent de leur zone de confort et réfléchissent au-delà de leur comptoir. C’est volontairement dérangeant, souvent déconcertant, mais systématiquement salutaire.
Si ce choix éditorial fait sens et s’explique assez aisément pour toutes les personnes ouvertes et désireuses de sortir de leur microcosme, je reste persuadé que le barman qui se fait payer les 2 jours a Londres par son Manager et qui vient pour apprendre quelque chose à réutiliser chez lui immédiatement va passer un debrief compliqué avec ledit manager. Le Symposium P(our) n’est par un Bar Show, c’est l’expression annuelle d’un organisme de charité donc l’objectif est de faire de notre industrie quelque chose de mieux, quelqu’en soit les moyens. Et il convient de rappeler ici que tous les membres du comité sont bénévoles comme tous les volontaires venant du monde entier pour aider durant 2 jours. C’est grâce à ça (et les quelques partenaires) que cette événement est 100% gratuit pour les participants. Et ça, en 2020, on ne le dira jamais assez.
Le format ultra rapide de séminaire (Ted Talk style) impose aux orateurs d’être concis mais aussi et surtout de bien cerner leur sujet. Bryony choisit pour le sien de mettre en relation sa première carrière de neurologue avec sa seconde carrière de diplomate. Elle explique comment ses connaissances théoriques sur le comportement humain lui ont permis de développer son écoute et ses capacités d’empathie pour obtenir des résultats lors de négociations ou tout simplement d’être d’une plus grande aide aux personnes en situation de danger immédiat. On pouvait difficilement attaquer avec plus intéressant et plus en rapport avec le thème, Understanding.
Collaboration – Aqua de Madre
Comme l’a si bien dit Monica Berg en conclusion de ce séminaire, la prochaine fois que nous nettoierons des toilettes à 2h de matin, nous ferons avec (« Just Get on with it » en VO). En effet, en comparaison avec l’idée de faire ses besoins dans un seau devant ses trois coéquipières dans une cabine a peine plus grande qu’une voiture et en ne sortant que pour ramer dans le froid avec des gens que vous n’appréciez pas forcement, ça parait supportable. Laura s’applique à faire le lien avec le monde du cocktail en comparant les personnalités à du Bailey’s et du Champagne, tous deux très bons mais incompatibles dans le même verre et fait mouche. L’histoire de Laura est d’autant plus surprenante lorsque l’on comprends son historique : ce n’est pas une athlète depuis son enfance. C’est même plutôt le contraire puisqu’elle se définit elle même comme une ancienne propriétaire de salon de beauté accro au shopping qui a découvert le jogging à 30 ans. C’est très bon, pas super applicable dans un shift de 8h a l’Artesian, mais extrêmement intéressant.
Collaboration – Everleaf
L’histoire de Brigitte Sossou Perenyi commence comme celle de beaucoup d’enfants nés dans les Pays les moins avancés, mais est encore pire puisqu’elle a connu l’esclavage dès l’age de 7 ans via une pratique ancestrale africaine, le trokosi. Mais elle est exceptionnelle par sa suite et c’est ce qui la rend essentielle à partager. Peu d’enfants partis avec autant de Handicaps arrivent à la position de Brigitte et c’est pour cela que nous nous devons tous de l’écouter. Comme je partage des origines béninoises communes avec elle, je me suis probablement senti encore plus concerné par son message, même si je suis né a Annecy. Brigitte respire aussi l’humilité, humilité encore plus flagrante lorsque je l’ai rencontrée le soir a Tayer and Elementary. Elle est aujourd’hui productrice, a été reconnue parmi les 100 femmes les plus influentes de 2018 par la BBC mais m’explique qu’elle n’a aucun mérite quand je la félicite pour son séminaire et son parcours. Alors, même si tu ne veux pas l’entendre : Bravo Brigitte! Tu es un modèle.
Collaboration – The fine cider company
Lunch break
Collaboration – Farmily spirits
Chaque année, je prends une claque au Symposium P(our). Cette année, ce fut par Narit Gessler. Si vous ne deviez en voir qu’un seul, je ne saurais que trop vous conseiller de choisir celui ci. Certes, vous n’aurez plus le luxe d’ignorer le fait que dans chacun de nos cocktails, vêtements ou téléphones se cache du travail produit par un esclave, mais c’est le prix à payer pour « Sortir de la Matrice ». Nous vivons dans un monde où 40 millions de personnes seraient dans un état d’esclavagisme moderne, 30 millions d’entre eux de sexe féminin et 10 millions seraient des mineurs, voir des enfants. Pour avoir un rapide point de comparaison, cela correspond aux 2/3 de la population française. Et l’esclavagisme d’enfants représente environ la population de l’île de France. Pour ne rien nous faciliter, Narit nous emmène joyeusement là où elle veut avant de nous mettre un crochet au foie d’un phrasé parfaitement posé. Incroyable. Efficace. Et terrible….
Collaboration – Jarr Kombucha
L’avantage de faire une review 6 mois après l’événement , c’est que nous avons un peu plus de recul. Si j’avais chroniqué ces 20 minutes à chaud, je pense que j’aurais été extrêmement dur avec Lars Williams en tant que présentateur. En tant que technicien, même si je ne suis pas un grand ponte de la fermentation, juste par comparaison il est possible de voir que sa maîtrise du sujet éclipse 99% des gens qui parlent de ce sujet par le monde. Mais il n’est pas a l’aise sur scène, il subit le chronomètre, il est beaucoup trop technique pour la grande majorité des spectateurs (et j’imagine téléspectateurs) et il donne une impression malaisante de ne pas vouloir être là. Mais pour l’avoir revu en Octobre a Berlin, j’ai eu la confirmation que c’est juste sa manière d’être. J’ai aussi peur que le sujet soit mal choisi pour ce type de format : 20 minutes pour faire de la vulgarisation sur un sujet aussi technique et pointu que la fermentation avec quelqu’un d’aussi fort dans le sujet me parait une gageure.
Collaboration – Pepperology
Vous savez probablement que l’homme est responsable d’un effondrement de la biodiversité au cours des 100 dernières années. Vous ignorez peut être que cet effondrement est tel (une extinction animale ou végétale toutes les 20 mn) qu’il a été nommée la 6ème grande extinction de masse par les scientifique. Ces chiffres rendent le travail de gens comme Isabella capital. Listing de plantes orphelines, recherche dans des textes antiques, analyse des routes antiques de migration, exemples concrets de fruits sauvés par un travail de conservation de de recherche auprès des anciennes générations sont quelques un des aspects de la mission qu’Isabella s’est fixée. Un chiffre : historiquement la production italienne de poires se comptait en milliers alors qu’aujourd’hui 5 références seulement représente l’intégralité des 200 millions de tonnes produites chaque année dan le pays. A ce rythme, 99% de la biodiversité visible aura disparu a la fin du siècle. A nous de nous poser la question de ce que nous souhaitons léguer à nos enfants….
Collaboration – Zazracna Soda
J’ai comme beaucoup participé a l’aventure London Cocktail Week, en 2015 et 2016. Si j’avais été impressionné par la démesure de l’événement avec pas loin de 400 bars participants à la semaine dans la ville (alors je ne suis même pas sur que 400 bars en France savent ce qu’est un Cosmo), j’avais été un peu déçu par le manque de sophistication des activités avant de me rendre compte que l’événement était B to C. Le fait est que cette organisation est parfaitement huilée et tout le monde de notre industrie a quelque chose à apprendre de Hannah et Siobhan, les deux têtes pensantes de la LCW. Leur sujet de séminaire est de faire le lien entre les précurseurs du cocktails et le grand public, et d’une manière générale comment analyser leurs données de 10 ans de London Cocktail Week pour les transformer en tendances. Elles présentent certaines de leur outils notamment leur pyramide de consommateurs de cocktails et comment s’adresser a eux.
Collaboration – Compte de Grasse
Journaliste Danoise spécialisée dans l’hospitalité, et tout particulièrement les restaurants, Lisa Abend monte sur scène pour expliquer cette relation entre hospitalité et médias, mais également la différence qu’il peut exister entre une personnalité publique et la personnalité qu’un chef peut montrer, par exemple au milieu de ses pairs. Beaucoup de similitudes peuvent être tracées entre ce qui nous est décrit ici et le monde de la haute gastronomie, mais les échelles sont encore trop différentes entre les superstars mondiales que sont Gordon Ramsay, Massimo Bottura, René Redzepi et les meilleurs d’entre nous que sont Alex Kratena ou Remy Savage. Cependant, la partie recherche d’autosatisfaction similaire à des drogues dures est étonnement transposable. Celle sur la partie de l’aspect controversé des classements aussi, prouvant bien cet adage millénaire : Size doesn’t matter.
Collaboration – Empirical Spirits
Seul Barman a monter sur scène pendant ce symposium, Jeffrey fait partie de mes personnalités préférées de notre industrie pour son talent (American Bartender of the year 2016), sa créativité (il a ré-inventé le vieillissement de cocktails en fûts en 2010) et sa simplicité (il se revendique comme barman uniquement, pas propriétaire, pas Brand Ambassador, juste barman). Son sujet de séminaire est d’ailleurs le suivant : « A quoi servons nous en tant que Barman? » Pas mal de convergences avec le séminaire précédent, notamment dans le fait de critiquer ouvertement cette recherche de la starification par des gens qui ne sont censés être là que pour les invités passent le meilleur moment possible. Jeffrey nous démontre par un exemple concret l’absurdité de certain aspects de l’industrie avec un faux compte instagram qu’il a crée pour ne débiter que des généralités et acheter des faux followers pour voir s’il pouvais avoir de l’influence. (Spoiler : oui). Cette rancoeur se sentira aussi également quelques mois plus tard lorsqu’il expliquera avoir été choisi pour un voyage par une marque uniquement pour son nom et son aura. Cette marque ne sera plus servie dans ces bars, mais il ne la citera pas et n’appellera pas au boycott. Je trouve que cette action résume plus le personnage que de longs articles.
Jeffrey sait de quoi il parle, Jeffrey sait captiver son public, Jeffrey tape là où ça fait mal, tu dois écouter Jeffrey.
Collaboration – Partizan Brewing